Maîtrisez-vous la gestion de l’humidité sur vos chantiers bois ?

Maîtrisez-vous la gestion de l’humidité sur vos chantiers bois ?
22.072024
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2de transfo & Construction
Quelques exemples de points vérifiés dans le cadre des certifications volontaires CTB…

Cèpes, girolles, morilles, quelle joie lorsqu’ils apparaissent dans la mousse, entre les feuilles de chêne ou les épines de pin. Mérule, coniophore, polypore… je reste beaucoup moins enthousiaste à l’idée d’en découvrir sur la panne faîtière qui traverse mon grenier.

Naturellement présents sous forme de spores, il leur faudra pour se développer : une source de nourriture (pour certains un sol avec une disponibilité en azote et un pH parfaitement équilibrés, pour d’autres une belle section d’épicéa fera l’affaire), mais surtout un taux d’humidité adapté (un sol bien drainé ou un grenier mal ventilé).

L’humidité est le grand ennemi de la construction bois et les défauts d’étanchéité à l’eau sont nombreux. Pour les maisons individuelles selon l’AQC, la sinistralité en fonction du complexe concerne :

Ces défauts qui favoriseront le développement fongique, pourront compromettre la solidité structurelle de l’ouvrage et engendrer des désordres. Les mésusages du bois ternissent son image, mais si les trois composantes de l’acte de construire sont maîtrisées : la fabrication des produits chez les industriels, la conception du projet dans les bureaux et la mise en œuvre sur chantier. De nombreux exemple de structures durables existent. Des exemples anciens comme l’église en bois de Honfleur du XVe siècle. Et des exemples plus récents comme la Tour Sensations à Strasbourg (immeuble de 11 étages, pour 38 mètres de haut – KOZ Architectes).

Pour accompagner les fabricants de produit bois à mettre sur le marché des produits performants, FCBA a œuvré au développement de la certification CTB Composants et systèmes bois.

Elle atteste les caractéristiques techniques, les performances et l’aptitude à l’emploi de composants et systèmes pour les structures en bois :

  • Murs ossature bois et dérivés
  • Panneaux pour la construction
  • Produits collés pour un usage structurel
  • Assemblages et connexions
  • Produits composites pour charpentes – toitures – planchers
  • Charpentes industrielles
  • Systèmes constructifs bois

Pour compléter, la certification CTB Constructeur Bois a vu le jour en 2019.

Elle couvre un large champ d’applications. Les bâtiments neufs conçus, fabriqués et mis en œuvre classés en trois catégories :

  • Catégorie 1 : Maisons individuelles, extensions et surélévations
  • Catégorie 2 : Bâtiments jusqu’à trois niveaux
  • Catégorie 3 : Tous les ouvrages supérieurs à trois niveaux

Les bâtiments rénovés classés en deux catégories:

  • Renfort : Rénovation traditionnelle (renforcement par assemblage mécanique)
  • Renfort + : Rénovation non traditionnelle (renforcement type goujons collés)

Quels sont les points importants à considérer pour une bonne maîtrise de l’humidité en phase chantier ? Faisons le point au travers des deux certifications préalablement citées.

      I. En entreprise

Le bois de structure, de parement, les panneaux, les membranes, les accessoires, la quincaillerie. Autant de matériaux qui doivent être soigneusement choisis. C’est le premier aspect qui sera vérifié lors des audits.

Le bon choix des matériaux

Pour suivre la durabilité des bois, vaste sujet qui a fait l’objet d’une édition précédente, nous analysons auprès des industriels certifiés :

– Les factures d’achats de bois ainsi que les attestations de traitement associées (si le bois est acheté après traitement)
– Les installations utilisées pour le traitement en entreprise et la maîtrise des process associés (si le bois est traité sur place)
– Les essences employées (si le bois est mis en œuvre sans traitement)
En ce qui concerne les panneaux dérivés du bois jouant un rôle structurel, nous vérifions les déclarations de performances associées (OSB 3/ OSB 4/ Panneau de particule P5/P7 travaillant en milieu humide…)

Figure 1 : Lot de bois convenablement stocké

Attention : un matériau travaillant en milieu humide ne veut pas dire qu’il peut être exposé aux intempéries, en tout cas, pas de façon prolongée, uniquement accidentelle. Si cela se produit, il faut alors réagir vite, en évacuant l’eau ou en asséchant les zones humides.

Les accessoires et tous les éléments connexes au matériau bois sont aussi vérifiés, aux regards des NF DTU. Pour les membranes par exemple, nous vérifions les déclarations de performances du fabricant, les valeurs de résistance à la pénétration de l’eau, la perméance à la vapeur d’eau…

La phase de fabrication des éléments de structure, fait aussi l’objet de vérifications dans les certifications, mais ce n’est pas le sujet du jour. Pour plus d’informations, les référentiels de certifications sont disponibles ici.

La protection des ouvrages

La protection des ouvrages et matériaux pendant les phases de stockage et de transport n’est pas cadrée par les NF DTU, mais elle est pourtant relativement importante à considérer.

Lors du stockage des matériaux bruts ou des complexes (murs, planchers), s’il se fait à plat (ce qui est le plus risqué, en termes de stagnation d’eau), le bâchage doit être soigné et recouvrir entièrement le complexe, attaché sur toute la périphérie et maintenu jusqu’à l’utilisation sur chantier.

Pour le stockage des murs ossature bois, à la verticale nous préconiserons une protection provisoire renforcée en tête de murs, qui constitue un point critique pour la pénétration d’eau, à conserver lors du transport. Lorsqu’un module 3D est chargé sur un camion, le plancher haut doit être protégé et muni d’un bâchage efficace.

Figure 2 : Stockage de murs ossature bois avec protection des en-têtes

      II. Sur chantier

Rosée du matin, pluie, neige, vapeur d’eau, humidité dégagée par le séchage d’une dalle ou d’une chape… sur chantier, les risques d’expositions à l’humidité sont nombreux ! La protection des éléments bois constitue un point de contrôle crucial lors de nos audits.

La protection générale

Peu courantes, car complexes et onéreuses, les protections générales comme le chapiteau ou le parapluie sont des technologies permettant de couvrir l’ensemble de la zone de chantier. Ces derniers sont généralement réalisés avec une structure métallique, une toile et peuvent intégrer un pont roulant en tête, des plateformes périphériques, etc. Le chapiteau est fixe, tandis que le parapluie monte au fur et à mesure de la construction des étages.

Figure 3 : Parapluie de chantier
La protection ponctuelle et définitive

Lors d’évènements pluvieux de courte durée, le bâchage reste la protection ponctuelle la plus évidente, dans ce cas il faudra veiller à :

  • Bien arrimer les protections et les ancrer au sol.
  • Éviter les pièges à eau.

Afin d’échapper à la pose, puis la dépose d’un bâchage, pour les éléments de murs et de toiture, ce sont souvent les protections dites définitives (écran de sous toiture, pare-pluie…) qui endossent ce rôle de protection.

 Attention : le pare-pluie est sensible aux U.V, suivant la durée du chantier, il faudra en choisir un résistant aux U.V. Selon le NF DTU 31.2 P1-1, pour des durées d’expositions aux intempéries de :

  • 15 jours, il faudra un pare-pluie souple de type 336h U.V.
  • 3 mois, pare pluie souple de type 1000h U.V.
  • 6 mois, pare-pluie souple de type 5000h U.V
Figure 4 : Ecran de sous toiture exposé aux UV

Pour les planchers, il existe des membranes adhésives dont le rôle est de protéger l’ensemble des surfaces. Celles-ci sont facilement utilisables et mises en place en atelier de préférence. Elles pourront ainsi constituer une protection lors du transport.

Il est envisageable de poser une membrane bitumeuse (ou équivalent), comme protection intégrale d’étage, assurant un hors d’eau des étages inférieurs.

Attention : une étude d’impact est à prévoir sur les effets engendrés (transfert de vapeur d’eau des parois, dégagements de COV ou protection incendie).

Pour aller plus loin, de nombreuses préconisations pour la gestion des points singuliers sont présentées dans le guide Construction bois et gestion de l’humidité en phase chantier.

Pour conclure

Une fois les travaux engagés, l’improvisation n’est plus envisageable. Les préoccupations relatives à la gestion de l’humidité sont essentielles et à aborder dès les premières phases de montage du projet. Les entreprises que nous suivons en certification sont évaluées sur ces sujets.

Avec la certification CTB Composants et Systèmes Bois, FCBA garantit une constance dans la qualité et la conformité des produits. Les auditeurs se rendent deux fois par an sur site industriel pour analyser la qualité de conception et le process de l’industriel jusqu’aux préconisations de mise en œuvre sur chantier. Lors de chaque visite, l’auditeur prélève des échantillons en vue de la réalisation d’essais mécaniques, mais aussi des notes de calculs, qui permettent d’évaluer la qualité de conception et le process de l’industriel. L’objectif étant d’apporter les preuves d’une conception conforme vis-à-vis des exigences et NF DTU, avec des produits livrés de bonne qualité et une mise en œuvre facilitée par la qualité des plans de pose et documentations d’accompagnement.

Avec la certification CTB Constructeur Bois, lors des audits, nos collaborateurs vérifient en entreprise l’organisation générale, la transmission de l’information entre services (commercial, bureau d’études, bureau des méthodes, production en atelier, mise en œuvre sur chantier, SAV…), les dispositions d’acquisition et de maintien des compétences du personnel, la pertinence des notes de calculs et la clarté des plans d’exécution et de montage, la qualité de fabrication et de son contrôle, les dispositions liées à la préparation et les conditions d’intervention sur chantier et finalement, la démarche sur la gestion des déchets. L’objectif étant l’assurance d’un ouvrage conçu, fabriqué et mis en œuvre conformément aux réglementations en vigueur.

Voici abordées quelques notions utiles, malgré la complexité du sujet. Pour plus d’information, retrouvez la Webconférence sur le sujet disponible en intégralité sur le site de MAJ.

SOURCES

Retrouvez la liste des titulaires, les référentiels de certifications, ainsi que divers ouvrages liés à la construction bois sur nos sites :

Cf. Guide « Comprendre et maîtriser la durabilité du bois dans la construction »

Ce guide permet d’avoir des outils pour comprendre toute la règlementation et le contexte normatif, prescrire et mettre en œuvre du bois dans les ouvrages.

Cf. Guide de « Conception des ouvrages bois exposés aux intempéries »

Ce guide comprend 4 chapitres : maîtrise de la durabilité, structure (charpente et le solivage), menuiseries (pergola, garde-corps, clôture), parements (platelages).

Cf. Guide « Construction bois et gestion de l’humidité en phase chantier »

Ce guide fournit les outils utiles à la prévention contre les augmentations excessives d’humidité dans le déroulé d’un projet type.