Témoignage de Christophe YRIEIX

Témoignage de Christophe YRIEIX
Portrait de Christophe YRIEIX, Responsable technique qualité de l’air à BIOSENSE

Christophe Yrieix
Responsable technique qualité de l’air

C Yrieix

Au sein du pôle BioSense de FCBA, j’encadre l’activité liée à la qualité de l’air intérieur (QAI). Cela comprend la réalisation d’essais de laboratoire et de missions en tant qu’expert référent, auprès des industriels des filières bois et ameublement, de groupes de normalisation et d’organismes institutionnels (ministères, ANSES, COFRAC, …)

Cette activité couvre les nouvelles préoccupations sociétales relatives à l’environnement et la santé, mais aussi la nécessité de caractériser et de tracer efficacement les produits de construction bois et d’ameublement selon leurs émissions en substances volatiles dangereuses.

La pollution de l’air intérieur reste relativement méconnue

Pourtant, nous passons en moyenne 85% de notre temps dans les environnements intérieurs (domicile, bureau, établissements recevant du public, transports) et nous pouvons être exposés à des polluants qui peuvent avoir des effets sur la santé (composés organiques volatils (COV), formaldéhyde, bio-contaminants, amiante, monoxyde de carbone (CO), hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), phtalates, retardateurs de flamme, …). Leur nature et leur origine dépend du bâti (produits de construction), de l’aménagement intérieur (mobilier) mais aussi des activités des occupants. La qualité de l’air que nous respirons est donc devenue un enjeu majeur de santé publique.

Mon rôle est d’accompagner les industriels

Cela fait plusieurs années que les industriels du secteur du bois et de l’ameublement ont pris conscience de la nécessité de connaître leurs émissions en substances volatiles dangereuses, pour répondre aux réglementations, préparer leurs évolutions, mais aussi pour valoriser leurs produits. Mon rôle est de les accompagner dans cette démarche en réalisant des essais selon les principales normes internationales pour mesurer les émissions de COV et de formaldéhyde (ISO 16000 parties 3, 6, 9 et 11, EN 16516, EN 717-1, ASTM D 6007). Le laboratoire de chimie-écotoxicologie, situé à Bordeaux, est le premier organisme à avoir été accrédité sur ces méthodes d’essais (portée disponible sur www.cofrac.fr). Les équipements mis à disposition permettent de tester des composants simples (panneaux, parquets, isolants biosourcés, …) mais aussi des éléments finis et plus volumineux (meubles, portes, fenêtres, murs ossature bois, …).

25 ans d’expériences en QAI

Mes premières expériences dans ce domaine remontent déjà à 25 ans quand la qualité de l’air intérieur était un nouveau domaine scientifique, peu médiatisé. Elles m’ont petit à petit amené à mieux cerner les enjeux sanitaires liés à la pollution des environnements intérieurs, prendre conscience et faire prendre conscience de cette problématique méconnue, approfondir et améliorer les connaissances sur la qualité sanitaire des produits bois, développer et mettre à disposition des professionnels des moyens techniques performants pour répondre à leurs attentes, enfin valoriser les produits vertueux pour la santé sur la base d’essais chimiques ou de programmes R&D.

Une approche « terrain » à développer

Toutes ces activités se focalisent sur des études de laboratoire souvent normalisées, sans tenir compte de l’effet de combinaisons des matériaux dans une situation réelle d’usage. Mais au final, on manque encore d’un véritable retour d’expériences sur les niveaux réels de concentration en polluants dans les bâtiments. Une approche « terrain » reste donc une étape à développer pour évaluer la contribution réelle des produits bois à la qualité de l’air intérieur. Elle doit passer par le développement de moyens de mesure in situ (capteurs).

Notre façon de travailler doit aussi évoluer suite à la mise en place de plans d’action en faveur de l’économie circulaire. Ce sujet est un enjeu majeur des années à venir. Le réemploi de matériaux de construction bois ou de meubles vise à réduire l’impact environnemental, mais ces produits pourraient contenir des substances actuellement interdites pouvant avoir des effets sur la santé des futurs usagers. C’est objectif du projet CIRCULAIR, soutenu par le programme AQACIA de l’ADEME, qui doit élaborer et tester une méthodologie d’évaluation de la qualité de l’air intérieur pour le réemploi de matériaux à base de bois, et permettre aux différents acteurs de la filière d’intégrer cette problématique dans leurs diagnostics ressources.

 

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