Témoignage de Thomas Le Quéré

Portrait de Thomas Le Quéré, Responsable de marque au pôle IB&C à FCBA.

Bonjour Thomas, quel a été ton parcours avant d’arriver à ce poste ?

Bonjour !

Mon père avait une entreprise de construction de maison à ossature bois.
Dès mes 14 ans, j’ai commencé à couper du bois pour assembler et poser des murs, c’est ce qui m’a donné gout au matériau. Sentir la matière, la travailler, m’a donné envie d’être charpentier à la base.
J’ai fait un bac technique, tout en continuant les saisons sur chantier de mes 16 à 23 ans comme manœuvre en charpente et en maçonnerie.

Je suis passé à l’IUT Génie Civil de Rennes, ou on étudie le bâtiment dans son ensemble, ça m’a donné une vision plus poussée des matériaux et des métiers.
Après l’IUT,une licence pro à l’ENSTIB, axée bureau d’étude technique bois.

Mon premier job après les études était Technicien BE sur des structures bois, béton et métal, puis j’ai démarré en tant qu’auditeur à FCBA en mai 2015.
En commençant par de l’audit de fermette, puis sur différents produits de structure. D’auditeur à responsable de marque, aujourd’hui je participe au développement de la certification CTB Constructeur Bois avec également une petite partie de mon activité dédiée à la formation.

Photo d'un audit chez Intégral Bois Système - Baurech

Quels aspects t’intéressent le plus dans ce métier ?

Photo d'un audit chez Intégral Bois Système - Baurech

C’est de rencontrer les différents acteurs de la filière, échanger avec les personnes sur le terrain, voir comment ils travaillent….
Rencontrer des gens, s’en inspirer, comprendre leur contrainte et apprécier leur expérience.

C’est très enrichissant, on arrive pour auditer, mais on finit toujours par apprendre. 
Ensuite, voir, comprendre et analyser les lignes de productions, leur fonctionnement.
Découvrir les nouvelles techniques, les nouvelles machines, les matériaux qui évoluent constamment…
Pouvoir apprécier au jour le jour les évolutions technologiques de la filière bois !

L’article de cette édition traite de la gestion de l’humidité dans les projets bois. Pourquoi considérer que c’est un point de contrôle essentiel dans les entreprises auditées ?

Puisque le bois réagit à l’eau ses caractéristiques évoluent en fonction du taux d’humidité, il peut fendre, se déformer, se dégrader…
L’eau peut permettre à des agents biologiques de proliférer, notamment les champignons lignivores (qui se nourrissent du bois).

Les produits collés comme le bois lamellé collé ou le CLT sont sensibles aux variations d’humidité.
Imaginons deux planches collées, le retrait/gonflement du bois va créer des contraintes dans les plans de collage et risque de dégrader les performances du produit.

C’est pourquoi il faut bien gérer ces reprises d’humidité. Idéalement, il faudrait mettre en œuvre du bois a la même humidité qu’il aura en service, par exemple, dans un local chauffé, l’humidité du bois varie de 10% à 14%. Donc mettre en œuvre du bois à 12% limitera les déformations, les risques de fissuration et les contraintes internes. Bien entendu, ces paramètres sont à étudier au cas par cas en fonction de la zone géographique, de la situation de la pièce dans l’ouvrage, des contraintes du projet, etc.

Vérifier l’humidité des produits en bois et à base de bois pendant leur fabrication, leur transport et leur mise en œuvre sur chantier est nécessaire. Il ne faut pas oublier que c’est un matériau vivant.
Et il n’y a pas que le bois. Les isolants, les assemblages, certaines membranes ou accessoires… sont également sensibles aux reprises d’humidité.

On parle aujourd’hui de gestion de l’humidité, mais ce n’est pas le seul point de contrôle de la certification n’est-ce pas ?

Photo d'un audit chez Intégral Bois Système - Baurech

En construction bois, on cherche à éviter un mauvais usage de la matière : spécifiés d’un bardage extérieur, d’une charpente dans les combles, d’un poteau dans un salon… Il faut avoir les bonnes caractéristiques d’un produit en fonction de sa situation dans l’ouvrage.

Au-delà des problématiques de gestion de l’humidité, les sujets sont nombreux : le risque incendie, la performance mécanique et la stabilité des structures, l’étanchéité à l’eau et l’air, la résistance thermique des ouvrages, les performances acoustiques…

Quels sont, selon toi, les principaux défis et évolutions auxquels ton métier pourrait être confronté à l’avenir ?

Les matériaux évoluent sans cesse, la règlementation et les systèmes constructifs aussi.
On peut même aller plus loin, le modèle social évolue, les façons de vivre d’aujourd’hui ne seront surement pas celles de demain.

Les enjeux de développement urbains changent donc les typologies d’ouvrages font de même pour limiter l’artificialisation des sols (immeubles, extensions, surélévations…). Nous avons également un parc existant à rénover…
Les changements climatiques sont aussi à prendre en compte dans la conception des ouvrages de demain. Rehausser les ouvrages dans les zones inondables, améliorer la stabilité des structures vis-à-vis des cyclones…
Quoi qu’il en soit, nous devrons nous adapter et la certification suivra les évolutions du marché.

Contact : Thomas Le Quere