Témoignage de Vincent Lochou
Bonjour Vincent, afin que les lecteurs appréhendent mieux ton rôle, peux-tu nous expliquer en quoi consiste le travail d’auditeur pour la certification des panneaux en bois ?
Bonjour, mon travail consiste à visiter régulièrement les fabricants et à contrôler, dans la cadre des audits, le respect des normes et des référentiels de certification. Nous réalisons également des prélèvements de panneaux pour les tester dans nos laboratoires.
Tu incarnes donc un rôle de « contrôleur » dans l’industrie du bois ?
Vu de l’extérieur, on pourrait nous considérer comme des « policiers » mais ce serait une vision réductrice et je n’aurais pas consacré 14 ans à ce métier. D’une part, parce que les certifications sont volontaires, et que beaucoup d’entreprises les perçoivent comme une démarche d’amélioration avec une analyse critique par une tierce partie. D’autre part, parce que FCBA est un Institut technologique dédié à ses filières et l’audit permet d’être en contact permanent avec les entreprises.
Quels aspects t’intéressent le plus dans ce métier ?
Chaque visite est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur un produit, sa fabrication, les problématiques de l’entreprise, et les développements à venir. Je pense que mes collègues auditeurs et moi, nous sommes avant tout des passionnés du bois et les témoins de l’histoire de notre filière.
Dans l’article tu évoques l’utilisation de colles biosourcées, pourquoi les panneaux en bois ne sont-ils pas tous fabriqués à partir de celles-ci ?
Les premières colles utilisées étaient biosourcées par nécessité et limitaient les panneaux à des utilisations intérieures. Plus tard, le développement de la chimie a permis de sécuriser les collages pour des emplois extérieurs. Aujourd’hui, la filière investit dans la recherche de nouvelles solutions de collage biosourcées permettant de garder les performances des produits. Rien n’est simple et rapide. Il faut trouver un gisement biosourcé responsable et pérenne, formuler une colle efficace, s’assurer de sa possibilité de la transférer industriellement et produire cette colle à grande échelle pour ensuite pouvoir présenter un nouveau panneau avec un coût cohérent. C’est un travail à long terme qui garde comme objectif de produire un panneau performant donc utilisable pour le marché. FCBA a participé notamment à 2 projets de formulation de colles biosourcées pour panneaux : RESPIRE et BIOIMPULSE. Aujourd’hui, sur le marché on peut trouver quelques panneaux utilisant des colles biosourcées ou en partie biosourcées.
Comment l’industrie du panneau intègre-t-elle les notions d’économie circulaire, de recyclage, de réutilisation et de réemploi ?
Dans la filière bois, une grande importance est accordée à la valorisation des co-produits de production. L’industrie du panneau est un exemple avancé d’économie circulaire, elle valorise certains de ses co-produits. De nombreuses entreprises ont installé des chaudières biomasses pour convertir les déchets de production, telles que les poussières de ponçage, en chaleur qui peut être utilisée pour le séchage et le pressage des panneaux. Certaines entreprises ont même opté pour la cogénération, qui permet également la production d’électricité.
En ce qui concerne le recyclage des panneaux à base de bois, la question ne se pose plus ; la plupart des panneaux sont recyclés et d’ailleurs réintégrés chaque jour dans des productions de panneaux. Seuls les panneaux de fibres, comme le MDF avec sa nature « fibreuse », nécessitent des développements spécifiques. FCBA participe à deux projets européens, sur ce sujet : ECOREFIBRE et CISUFLO.
Concernant la réutilisation et le réemploi, c’est plus compliqué. Même si nous savons tous qu’un panneau retrouve rapidement une autre fonction moyennant quelques découpes, la mise en place des filières de réemploi nécessite du temps.
Pour terminer, qu’en est-il des évolutions à prévoir dans le domaine ?
Le panneau bois est un produit local, recyclable et ayant la capacité d’intégrer de nouveaux intrants : il a sa place dans un monde avec des objectifs de sobriété. L’augmentation du coût de l’énergie, comme pour les autres industries, pousse les usines à investir pour être plus efficaces. Les réglementations environnementales telles que la RE2020 favorisent l’utilisation des produits naturels de la construction dont les panneaux à base de bois.
Personnellement, je crois que ces évolutions vont amener de nouveaux utilisateurs, de nouveaux usages et de nouvelles fonctionnalités aux panneaux à base de bois, favorisant ainsi leur développement technique et environnemental.